Précaires de la recherche, un collectif de précaires qui se constitue...

Publié le par TEXEROLAS


Avrel, nous envoie son avis / compte-rendu sur une réunion de précaires pour un collectif qui se cherche encore un nom... texte un peu déstructuré mais à débattre...

Merci d'essayer de faire court dans cette rubrique, quitte à vous rattraper en commentaires...


 
Suite à la réunion, à quelques dicussions. Voici un avis personnel sur les points qu'un collectif de précaires du savoir se doit d'aborder pour fonctionner.





1) Un nom  : Il faut un nom recueillant un minimum de consensus qui laisse la place à d'autres collectifs.

2) Motivation des membres.  Je m'investis pour moi, mon boulot, ma petite personne certes. Pour les potes précaires et la recherche aussi. Mais pas seulement. Comme je l'ai écrit dans un message censuré sur le site SLR: à quoi ça sert d'avoir un poste pour vivre sans retraite, sans sécurité sociale, sans culture ??? La précarité rend soumis; lutter pour la réduire c'est aussi lutter pour la liberté de tous, ce que nous écrivions ici

"Il ne s'agit pas seulement de nous, ni de nos amis. Tout cela va bien au-delà de la recherche et de l'académie, c'est de notre société qu'il s'agit.  Ces problèmes nous concernent et nous touchent tous parce que les savoirs et  les technologies déterminent  les orientations de la société et en alimentent autant les progrès que les catastrophes."


3) Position / syndicats. Le syndicalisme classique (voir ramolli) ne peut rien pour nous; nous patageons des précarités multiples, ils sont trops lents et trops corporatistes (ça a été dit lors de la réunion). Ils ignorent nos difficultés et la complexité administrative qui est la nôtre. Enfin, que fera la CGT de la fac sur les recrutements bidons ou au droit du travail bafoué, via un sous-traitant?

J'ajoute qu'à l'université et au CNRS, les syndicalistes font souvent partie des mandarins et ça ne date pas d'hier. J'ai eu de très bons témoignages de retraités (directeurs de recherche) du CNRS sur ce point (et je pense que c'est vraiment la pointe émergée de l'iceberg).
 

4) Positions / statutaires. Bien entendu je ne crache pas sur les statutaires, et sur les gens de SLR ou de SUD par principe, je n'ai rien vu de tel nulle part (à part un ou deux troll sur le net). Certains statutaires sont dans le collectif, certains sont mes amis dans la vie... 

Je pense qu'ils sont néanmoins en grande majorité incapables de comprendre et de se bouger pour nous mieux que nous... question de priorité pour certains sans doute. D'autres n'en comprennent pas  la portée ou l'utilité que nous devons donc démontrer. Mais je ne vois guère des statutaires aller occuper les assedic ou l'ANPE avec moi, et pourtant ce genre de soutien actif marquerait des points du côté des précaires à mon avis...
 

5) Appartenances multiples des membres. Il faut clarifier les questions d'étiquettes et de statut dans le groupe; je propose que les gens du collectif ne soient pas là en tant que SLR, SUD, ou CJC, mais individuellement sur des revendications et actions communes.

Si un syndicat ou une assoc veut nous filer des locaux, des photocopies ou autres, perso je prends, mais je ne roulerais pas pour eux même si ils y trouvent un intérêt bien compris... Idem si les membres participent à des actions d'autres groupes, ils ne se présenteront pas comme émanant du collectif à moins que cela soit entériné collectivement, mandat etc... Tout cela peut sembler évident mais bon...


 6) Relation à SLR (sauvons la recherche). Je ne vois pas trop l'intérêt d'aller aux Conseils d'Administration de SLR pour se retrouver instruments dans des querelles de clochers qu'on connait tous très bien dans nos labos et structures respectives.

Là je me répète, mais si les gens de SLR veulent nous soutenir OK, mais sans mettre leur assoc en avant... Ce n'est pas à sens unique puisque nous aussi nous voulons sauver et faire la recherche libre et indépendante  des pouvoirs financiers et politiques au service des humains. Mais il faut savoir ce qu'il faut sauver et faire
précisément comme recherche. Il faut savoir ce qu'il est des précaires du savoir  plus dépendants que jamais de tous les pouvoirs ? Les statutaires consciencieux, honnêtes et sincères à SLR ou ailleurs perdent beaucoup de crédibilité et de soutien de notre part à ne pas observer très précisément les agissements de leurs collègues... On apprend malheureusement à détourner les yeux dans le milieu... 

7) Le mandarinat. Les "mandarins" c'est le problème quotidien des précaires des savoirs et pas seulement dans la recherche mais aussi dans les médias par exemple. Les précaires dépendent du pouvoir exercé arbitrairement par certains statutaires dans toutes les structures qu'ils font vivre. Ceux-là les exploitent ou administrent l'exploitation tout en gonflant leurs cv avec un peu d'argent en plus (un service quoi coco !).

Certains pensent que c'est normal d'en passer par là, d'autres y trouvent une belle occasion de se délester de leurs boulots sur des épaules dociles etc... Il ne se rendent pas toujours compte... Bref, ils rationalisent, il minimisent, ils se socialisent,
ils entrent "dans le moule", dans les jeux de cours pour pousser, qui un projet, qui un étudiant qui le mérite (sans doute) dans les commisions ad hoc. Mais pour les précaires c'est du fric et des poulains, des passe-droits, de l'opacité,  l'arbitraire qu'il faut accepter avec le sourire en plus ! Bref c'est dégueulasse (sans doute aussi).



En ce qui me concerne et vu de mon côté du manche, je préfère fédérer les précaires en remetant en cause le Conseil National Universitaire (avec propositions alternatives
sur le recrutement, par exemple la titularisation sur dossier),  les commissions bidons et les petits rois des labos, car c'est ceux-là que nous subissons le plus durement...



En plus, les mandarins discréditent les gens honnêtes à SLR ou ailleurs dans les labos, aux yeux des précaires. J'ai en tête
un bon gros mandarin qui a son émission politique sur une radio anarchiste (même topos).

Enfin, les précaires sont plus nombreux et ont plus intérêt immédiat à se bouger... Je pense que les statutaires peuvent nous soutenir mais pas forcément exercer un plein droit de décision sur tous les secteurs de lutte du collectif de précaires. Tans pis si c'est pas consensuel, pour le consensus y a la musique d'ascenseur ou d'autres associations...
 

8) Public. Je crois aussi qu'il serait utile de s'adresser simplement au grand public (attention aux acronymes, pour moi aussi). A mon sens, tous les textes et toutes les analyses si poussées soient elles, doivent se doubler de textes de vulgarisation courts et compréhensibles pour l'ensemble des gens. C'est l'une des lignes de precairedusavoir (sur lequel les gens proposent des textes).
 
9) En ce qui concerne les liens aux assoc et autres groupes, je pense qu'on risque de passer du temps à s'entendre sur les fins et les moyens, il est à mon sens plus simple de se fixer des revendications communes et des actions ponctuelles mais bien comprises. Je crois qu'en dépit du mail de Cyril, les présents de la première réunion ont plus répondu "au noyau dur" qu'a la énième "fédération"... Si on mène des actions  à bien (mêmes modestes), les précaires s'y retrouveront de toute manière dans le rapport de force.

10) Chiffres et enquêtes de la précarité des chercheurs. Comme je l'ai dit à la réunion, je pense que les chiffres enquêtes et analyses existent (voir droit d'entrée par exemple, chercheurs précaires, CJC, ou bien indépendance des chercheurs...). A l'inverse, il manque encore des textes de synthèses simples permettant des perspectives d'actions.

Il sera toujours temps d'initier ou de prolonger nos propres investigations sur un site futur ou mieux pendant les actions. Pour moi ces investigations ne sont pas prioritaires, mais si on commence par des enquêtes virtuelles, je crains de me lasser et de n'intéresser personne à dire ce que tout le monde sait...


11) Investissement dans la lutte. Enfin je pense qu'il est impossible de s'entendre sur ces points sans se rencontrer suffisamment souvent et longtemps (au moins au départ) pour en causer. Ce genre d'engagement est à mon avis aussi prenant que la recherche, donc je crois qu'à un moment il faut savoir ce que l'on veut et s'en donner les moyens.

On ne peut pas se permettre de se voir une fois par mois, ou alors on est un "soutien"... Maintenant, chacun s'investit dans la mesure de ses moyens et je ne prétends pas rester sur le pont tout le temps, mais il faut du temps... pour se donner les moyens de fonctionner.
 

12) Confidentialité. En ce qui concerne les actions, il faut aussi en parler de visu pour des raisons évidentes de confidentialité.

Rien n'empêche d'adresser des synthèses de ce type au reste de la communauté via les supports du net, histoire de faire avancer / élargir les débats tout en conservant l'anonymat des membres et la teneur des échanges interpersonnels. Pas mal de gens s'y intéressent d'après les retours, certains peuvent nous aider en nous donnant de bonnes informations, mais je perçois aussi beaucoup d'attente et d'attentisme...


A nous de démontrer que cela sert à quelque chose...

bien à vous tous et bonne nuit / journée  

Avrel
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A
Comme à son habitude, SLR et ses représentants reportent la faute sur l'extérieur sans se remettre en cause et en restant sourd à nos critiques. <br /> <br /> Pas de questionnement, ni de solution proposés sur le nombre trop élevé de docteurs. SLR préfère dire l'état est méchant, il ne donne pas assez de postes, et les mandarins de SLR profitent de la masse des étudiants qu'ils exploitent et envoient dans le mur plutôt que de limiter leurs entrées.<br /> <br /> Pas d'excuse pour les procédés de recrutement mafieux dont ils ont probablement bénéficiés, pas de ménage non plus au seins de leurs institutions pour arrêter cela... <br /> SLR préfère continuer à considérer les étudiants comme du bétail fait pour rapporter des subventions et qui doit de toute évidence finir à l'abattoir.<br /> <br /> Pas de remise en cause sur le contenu des formations, tournées uniquement vers la recherche et inutiles dans le monde du travail (vu comme ig-noble et in-digne selon les critères de l'Université et de la Recherche). SLR préfère continuer à défendre un système qui sacrifie les nouveaux étudiants comme nous l'avons été...<br /> <br /> Et SLR prétend lutter contre la précarité, défendre les précaires... Les défendre de quoi? D'avoir un avenir? Aucun doute!
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D
Tout d'abord je loue votre initiative même si elle est encore assez confuse à mes yeux. Je ne m'abaisserai donc pas à penser que c'est encore un coup d'épée dans l'eau pour les précaires de tous poils! et pourtant la tentation est grande pour nombre d'entre nous de penser ainsi... <br /> La question essentielle à mes yeux reste de savoir pourquoi les précaires de la recherche que nous sommes font si peu florès? pour moi, même si les réponses sont nombreuses, l'une d'entre elles réside dans notre incapacité à communiquer et rendre palpable des situations de désespoir humain, non le mot n'est pas grandiloquent! avec qui avons-nous jamais réussi à entrer dans ce genre de communication? qui dans cette France où tout un chacun pense que la recherche est un pays de cocagne sait réellement que la précarité y sévit? qui est capable d'avoir de l'empathie pour nous, puisque le mot est tant à la mode, quand il est confiné dans son ignorance? <br /> J'aimerais bien débattre de ces questions et contribuer du haut de l'inconfort de ma situation de docteur in partibus à dynamiser le mouvement en gestation. Car ne nous y trompons pas, des docs comme les uns et les autres, il y en a encore plein en stock!
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E
Venez à SLR. Il est évident que SLR est convaincu que les précaires sont essentiels au combat pour la défense de la recherche, tout simplement parce qu’ils en sont l’avenir. Une des revendications de SLR a d’ailleurs toujours été les perspectives de carrière des jeunes. Il faudrait comprendre pourquoi cette évidence est aussi mal perçue ? La recherche publique française traverse actuellement une période très difficile. Le gouvernement ne comprend pas (ou refuse de le faire) que notre pays a le déclin pour avenir s’il choisit de ne pas permettre une recherche dynamique. Le site SLR est largement ouvert pour que les chercheurs, ingénieurs, étudiants, dispersés aux 6 coins de l’Hexagone aient un lieu où échanger : - les informations sur la situation actuelle - les analyses des raisons pour lesquelles nous nous y trouvons - les propositions. Notamment celles qui pourraient nous sortir de notre isolement, cad qui rende compréhensible à nos concitoyens que la mise à mal du potentiel de recherche français n’est pas sans importance pour leur avenir. Croyez-vous que des actions radicales d’un nombre de personnes inférieur au seuil provoquant l’intérêt des médias et l’inquiétude du gouvernement soient plus efficaces que des actions un peu moins radicales d’un nombre de gens suffisant pour atteindre ce seuil ? Moi non, et c’est pourquoi je trouve en particulier qu’attaquer le CNU au lieu d’en faire votre allié est contre-productif. Le seul fait que l’exploitation des précaires de la recherche soit un phénomène international suffit à montrer que vous vous trompez de cible. Les gouvernements ont toujours eu recours au diviser pour régner, en particulier en opposant jeunes et vieux. Je regrette que votre génération n’ait pas redécouvert un des slogans de la mienne : on n’est pas contre les vieux, on est contre ce qui les fait vieillir .
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